Filosofía en español 
Filosofía en español


[ Gabriel Hugelmann ]

Introduction  ❦  Introducción

Dans un prospectus que nous enverrons à toutes les personne qui manifesteront le désir de le recevoir et à toutes celles qui recevront le premier volume de cette Revue, nous avons affirmé que l'Europe ne connaissait pas la Péninsule Ibérique, qu'elle ne portait pas sur elle un jugement qui ne fût faux, et que les plus graves inconvénients résultaient de cette ignorance de l'Europe sur le compte de l'une de ses parties qui méritent assurément le plus d'attention de sa part.

Accueilli par les espagnols comme un frère, protégé par eux contre l'adversité, contre l'exil, mis à même, mieux que tout autre, par un long séjour dans la Péninsule et par une participation importante à sa vie active, de reconnaître l'injustice des jugements portés sur elle et sur ses hommes, je me suis imposé la mission de redresser ces derniers par tous les moyens en mon pouvoir, et la publication de cette Revue est le premier pas dans la voie que je me propose de suivre pour arriver à ce résultat.

Ce recueil est exclusivement religieux, historique, littéraire, scientifique, artistique, financier, industriel et commercial.– J’avais d'abord eu l'intention de le faire politique , mais j'ai préféré envoyer plus tard à ses abonnés une feuille exclusivement consacrée à la critique des événements dont la Péninsule est actuellement le théâtre, afin de laisser à la Revue espagnole et portugaise un caractère purement théorique qui puisse la faire accepter à la fois par tous les partis et par toutes les classes de la société dont j'ai eu tant à me louer pendant cinq ans.

La lecture des premiers volumes de ce recueil suffira pour acquérir la certitude des services qu'il pourra rendre, tant à la Péninsule qu'à l'Europe, en rétablissant entre la première et toutes les autres contrées de la seconde une communion spirituelle qui n'aurait jamais dû être suspendue.

Quatre paragraphes extraits du prospectus dont j'ai parlé plus haut expliquent les causes de la suspension de tous les rapports sérieux entre l'Occident et la Péninsule, pendant autant d'années que le progrès en a mis à se dégager de l'alliance ultra-révolutionnaire, rendue nécessaire par des événements que nous ne pouvons ni ne voulons apprécier ici.

Voici ces paragraphes:

«Pour ne pas être à la hauteur de son passé, le présent de la Péninsule est loin d'être indigne de l'attention du monde. Des Pyrénées à Gibraltar et de l'Atlantique à la Méditerranée, il s'accomplit une révolution dont les phases sont aussi intéressantes que précipitées, et, ce qu'il y a de remarquable dans ce qui se passe en Espagne et en Portugal, c'est que les événements, quelque rapides et quelque menaçants qu'ils soient, ne parviennent pas à déraciner dans les deux pays ces sentiments que les révolutions détruisent trop souvent chez les peuples qu'elles appellent à de nouvelles destinées.

»La Péninsule ibérique reste croyante, monarchique, pleine d'amour pour tout ce qui est chevaleresque, pour tout ce qui se rapproche du beau et du bien par l'héroïsme, par la littérature, par l'art et surtout par le patriotisme. Quelle que soit la cause de la persistance de ces sentiments dans le cœur de ses enfants, il n'en est pas moins vrai que la Péninsule lui doit de rester grande à ses propres yeux et aux yeux surtout des profonds et sérieux penseurs qui savent parfaitement distinguer la véritable grandeur de l'apparente et trompeuse renommée faite, par ceux-là qui les abusent, aux nations que la fièvre révolutionnaire a emportées trop loin.

»La Péninsule arrivera au but que le progrès assigne depuis plusieurs siècles à toutes les nations de l'Europe, peut-être avant beaucoup de celles qui croient l'y avoir dépassée. Elle y arrivera dans sa force et dans son unité, sans avoir besoin de recourir aux moyens extrêmes pour se sauver de l'abîme dans lequel se sont aveuglément précipitées quelques-unes de ses sœurs.

»Le bruit qu'a fait la chute de ces dernières, l'éclat des efforts qu'elles ont tentés avec plus ou moins de bonheur pour se sauver du naufrage, la sublimité des exemples que quelques-unes d'entre elles ont donnés à l'univers, ont détourné l'attention générale des hommes et des choses de la Péninsule; et quand on a de nouveau jeté les yeux sur elle, en la voyant animée encore des sentiments malheureusement éteints chez beaucoup, on a préféré l'accuser de barbarie et s'obstiner à la voir constamment dans un demi-jour de convention que d'étudier sérieusement les causes de cette persistance louable et des avantages qu'elle a procurés aux Espagnols surtout.»

Ce demi-jour de convention, nous allons le remplacer par la brillante lumière que jette le flambeau de la vérité sur tout ce qu'il éclaire.

En reproduisant ou en critiquant la plupart des ouvrages religieux, des mandements ou écrits publiés par les membres du clergé de la Péninsule ou par les écrivains de ce pays, pendant les cinquante dernières années, ce recueil détruira, il faut l'espérer, cette opinion ridicule faite à l’Occident sur le compte d'un catholicisme sévère peut-être, mais tout aussi disposé à accueillir, à protéger les conquêtes du progrès, que les plus avancées des sectes socialistes convaincues, pour lesquelles on connaît mon respect.

En refaisant l'histoire de la Péninsule depuis le commencement du siècle, en publiant la biographie de ceux de ses enfants qui ont été appelés, par leur génie ou par leur fortune, à commander à ses destinées pendant les cent derniers lustres, la Revue espagnole et portugaise aura raison de ces jugements obscurs portés sur des événements qu'on n'a vus que de loin et par la lorgnette toujours fausse du parti pris.

Je ne veux pas dire ici l'effet que j'attends de la reproduction ou de la critique des principales œuvres littéraires écrites au delà des Pyrénées, pendant que l'on persiste à Paris, avec un entêtement coupable et ridicule, à croire que les écrivains de la Péninsule en sont réduits à traduire les nôtres pour empêcher la fermeture des théâtres nationaux et l'oubli de la lecture chez leurs concitoyens.– Si je disais mon opinion sur ce sujet, je serais obligé de faire rougir de leur ignorance ou de leur mauvaise foi des hommes d'un talent réel, pli ont franchi les Pyrénées avec la résolution de ne rien voir, au delà, de ce qu'ils pouvaient y voir, et qui sont revenus d'Espagne ou de Portugal pour chercher dans Beaumarchais ou dans Le Sage des notes qu'ils avaient négligé de prendre dans le cours de leur dédaigneux voyage.– Les œuvres des écrivains espagnols parleront elles-mêmes et diront que le sol où ont chanté des poëtes comme Espronceda, Zorrilla et Rivas, n'a rien à envier, au point de vue littéraire, au sol qui a vu naître Lamartine et Victor Hugo.

La France doit Orfila à l'Espagne.– Voilà pour la science.– Lors de la dernière exposition universelle, la foule polyglotte s'est pressée autour des toiles des Ribeira et des Madrazo.– Voilà pour l'art.– Mais mon intention n'est d'établir aucune comparaison; elle est seulement de réclamer attention et justice pour un pays hospitalier qui est en même temps un grand pays.– Je ne sais si les forces ne me trahiront pas. Dans le cas où elles me trahiraient, je serais seul responsable de mon impuissance, et la Péninsule n'en aurait pas moins droit cependant à cette attention, a cette justice que je réclame pour elle et qu'elle forcera bien, tôt outard, l'Europe à lui rendre.

Hugelmann.

En un prospecto que enviaremos a todas las personas que manifiesten el deseo de recibirlo y a todos los que reciban el primer volumen de esta Revista, afirmamos que Europa no conoce la Península Ibérica, que no ofrece sobre ella un juicio que no sea falso, y que este desconocimiento de Europa provoca graves inconvenientes respecto de una de sus partes que merece sin duda su mayor atención.

Acogido por los españoles como un hermano, protegido por ellos contra la adversidad, contra el exilio, junto a ellos, mejor que ningún otro, durante una larga estancia en la Península y con importante participación en su vida activa, reconociendo lo injusto de los juicios dictados sobre ella y sus hombres, me impuse la misión de rectificar estos últimos por todos los medios a mi alcance, y la publicación de esta Revista es un primer paso en el camino que me propongo seguir para alcanzar este objetivo.

Esta colección es exclusivamente religiosa, histórica, literaria, científica, artística, financiera, industrial y comercial.– En un primer momento había tenido la intención de hacerla política, pero he preferido enviar más adelante a sus suscriptores una hoja dedicada exclusivamente a la crítica de los acontecimientos de los cuales Península es actualmente el teatro, para mantener la Revista Española y Portuguesa en un plano puramente teórico que pueda hacerla aceptable por todos los partidos y por todas las clases de la sociedad de la que tanto tuve que elogiar durante cinco años.

Bastará leer los primeros volúmenes de esta colección para tener certeza de los servicios que podrá prestar, tanto a la Península como a Europa, restableciendo entre la primera y todos los demás países de la segunda una comunión espiritual que nunca debería haberse suspendido.

Cuatro párrafos extraídos del prospecto antes mencionado explican las causas de la suspensión de todas las relaciones serias entre Occidente y la Península, durante tantos años como el progreso tardó en liberarse de la alianza ultra-revolucionaria, necesarios por acontecimientos que ni podemos ni queremos apreciar aquí.

Aquí están esos párrafos:

«A pesar de no estar a la altura de su pasado, el presente de la Península está lejos de ser indigno de la atención del mundo. Desde los Pirineos hasta Gibraltar y desde el Atlántico hasta el Mediterráneo, se está produciendo una revolución cuyas fases son tan interesantes como precipitadas y, cabe destacar sobre lo que está sucediendo en España y Portugal, que estos acontecimientos, por muy rápidos y por amenazantes que parezcan, no logran desarraigar en ambos países esos sentimientos que las revoluciones destruyen con demasiada frecuencia en los pueblos que reclaman nuevos destinos.

»La Península Ibérica sigue siendo religiosa, monárquica, llena de amor por todo lo caballeresco, por todo lo que se acerca a la belleza y al bien a través del heroísmo, a través de la literatura, a través del arte y sobre todo a través del patriotismo. Cualquiera que sea la causa de la persistencia de estos sentimientos en el corazón de sus hijos, no es menos cierto que la Península sigue siendo grande ante sus propios ojos y, sobre todo, ante los ojos de pensadores profundos y serios que saben perfectamente distinguir la verdadera grandeza de la reputación aparente y engañosa hecha, por quienes abusan de ellos, en las naciones donde la fiebre revolucionaria ha llevado demasiado lejos.

»La Península llegará a la meta que el progreso ha asignado durante varios siglos a todas las naciones de Europa, quizás antes que muchos de los que creen haberla superado. Lo logrará en su fuerza y en su unidad, sin necesidad de recurrir a medios extremos para salvarse del abismo al que se arrojaron ciegamente algunas de sus hermanas.

»El ruido que produjo la caída de estos últimos, la brillantez de los esfuerzos que hicieron con mayor o menor éxito para salvarse del naufragio, la sublimidad de los ejemplos que algunos de ellos dieron al universo, han desviado la atención general de los hombres y las cosas de la Península; y cuando volvimos a mirarla, viéndola todavía animada por sentimientos lamentablemente extinguidos en muchos, preferimos acusarla de barbarie y persistir en verla constantemente en una reunión de medio día que estudiar seriamente las causas de esta loable perseverancia y las ventajas que ha traído sobre todo a los españoles.»

Vamos a sustituir esta reunión de medio día por la luz brillante que la antorcha de la verdad arroja sobre todo lo que ilumina.

Al reproducir o al comentar la mayor parte de las obras religiosas, las órdenes o escritos publicados por los miembros del clero de la Península o por los escritores de este país, durante los últimos cincuenta años, esta colección destruirá, es de esperar, esta opinión ridícula hecha en Occidente a cuenta de un catolicismo severo tal vez, pero tan dispuesto a acoger y proteger las conquistas del progreso como las más avanzada sectas socialistas convencidas, por lo que merece mi respeto.

Al rehacer la historia de la Península desde principios de siglo, al publicar la biografía de aquellos de sus hijos que han sido llamados, por su genio o por su fortuna, a controlar su destino durante los últimos cien años, la Revista española y portuguesa dará razón sobre estos oscuros juicios emitidos sobre acontecimientos que sólo hemos visto de lejos y a través de la lente siempre falsa del prejuicio.

No me refiero aquí el efecto que espero de la reproducción o de la crítica de las principales obras literarias escritas más allá de los Pirineos, mientras en París se persista, con una terquedad culpable y ridícula, en creer que los escritores de la Península se limitan a traducir a los nuestros para evitar el cierre de los teatros nacionales y el olvido de la lectura entre sus conciudadanos.– Si yo expresara mi opinión al respecto, estaría obligado a hacer sonrojar por su ignorancia o su mala fe a hombres de verdadero talento, que cruzaron los Pirineos con la resolución de no ver nada, más allá de lo que podían ver, y que regresaron de España o Portugal para buscar en Beaumarchais o en Lesage las notas que habían olvidado tomar en el transcurso de su desdeñoso viaje.– Las obras de los escritores españoles hablarán por sí solas y dirán que el suelo donde cantaron poetas como Espronceda, Zorrilla y Rivas, no tiene nada que envidiar, desde el punto de vista literario, al suelo que vio nacer a Lamartine y Víctor Hugo.

Francia le debe Orfila a España.– Esto para la ciencia.– Durante la última exposición universal, la multitud políglota se aglomeraba ante los cuadros de Ribeira y de Madrazo.– Esto para el arte.– Pero mi intención no es establecer ninguna comparación; es sólo para exigir atención y justicia para un país hospitalario y al mismo tiempo un gran país.– No sé si las fuerzas no me traicionarán. En caso de que me traicionen, seré el único responsable de mi impotencia, y la Península tendría, no obstante, derecho a esta atención, a esta justicia que exijo para ella y que obligará, tarde o temprano, a que Europa se lo reconozca.

Hugelmann.