Filosofía en español 
Filosofía en español


[ Ricciotto Canudo ]

El nacimiento de un sexto Arte

Ensayo sobre el cinematógrafo

La Naissance d'un sixième Art

Essai sur le cinématographe

El nacimiento de un sexto Arte

Ensayo sobre el cinematógrafo

 

I

Il est étonnant que tous les peuples de la terre, par fatalité universelle ou par télépathie spirituelle, n'ont eu que la même conception esthétique de la nature ambiante. Chez tous les peuples, depuis le plus ancien de l'Orient jusqu'au plus récemment découvert par nos héros géographiques, nous pouvons remarquer les mêmes expressions du fantôme esthétique: la Musique, avec son complément, la Poésie et l'Architecture, avec ses deux compléments, la Sculpture et la Peinture. Dans ces cinq expressions de l'Art, s'est déroulée toute la vie esthétique du monde. Il est certain qu'une sixième expression d'art nous parait immédiatement absurde, voire même inconcevable; aucun peuple n'a pu la concevoir, depuis des milliers d'années. Mais nous assistons a la naissance de ce sixième art. Une telle affirmation dans une heure crépusculaire comme la nôtre, vague, encore imprécise comme toute époque de transition, révolte nos esprits sceptiques. Nous vivons entre deux crépuscules, celui du soir d'un monde, et celui de l'aube d'un autre. Et la lumière du crépuscule est imprécise, et les contours de tous les aspects sont confus, et seuls des yeux aiguisés par la volonté de découvrir des gestes invisibles et originaires des êtres et des choses, peuvent s'orienter au milieu de la vision embrouillardée de l'anima mundi. Mais le sixième art s'impose à l'esprit inquiet et scrutateur. Et il sera la superbe conciliation des Rythmes de l'Espace (les Arts plastiques) et des Rythmes du Temps (Musique et Poésie).

I

Sorprende que todos los pueblos de la tierra, por fatalidad universal o por telepatía espiritual, no tengan sino la misma concepción estética de la naturaleza ambiental. En todos los pueblos, desde el más antiguo en Oriente hasta el descubierto más recientemente por nuestros héroes geográficos, podemos observar las mismas expresiones del espectro estético: la Música, con su complemento la Poesía, y la Arquitectura, con su dos complementos, la Escultura y la Pintura. En estas cinco expresiones del Arte, tiene lugar toda la vida estética del mundo. Es cierto que una sexta expresión del arte nos parece por lo pronto algo absurdo, incluso inconcebible; ningún pueblo ha sido capaz de concebirla, tras miles de años. Pero estamos presenciando el nacimiento de este sexto arte. Tal afirmación en una hora crepuscular como la nuestra, vaga, aún imprecisa como toda época de transición, revuelve nuestros espíritus escépticos. Vivimos entre dos crepúsculos, el del anochecer de un mundo, y el del alborear de otro. Y la luz del crepúsculo es imprecisa y confunde los contornos de todos los aspectos, donde sólo unos ojos afilados por la voluntad de descubrir gestos invisibles y originarios de los seres y las cosas, pueden moverse en medio de esa visión embarullada del anima mundi. Pero el sexto arte se impone al espíritu inquieto y escrutador. Y será la conciliación magnífica de los Ritmos del Espacio (las Artes plásticas) y de los Ritmos del Tiempo (Música y Poesía).

 

II

Le Théâtre a réalisé jusqu'ici cette conciliation. Elle était éphémère, parce que la plastique théâtrale s'identifie à celle des acteurs, et est par conséquent toujours diverse.

La nouvelle expression de l'Art, devrait être en réalité précisément une Peinture et une Sculpture se développant dans le temps, [170] à la manière de la Musique et de la Poésie, qui ne se réalisent qu'en rythmant l'air pendant le temps de leur exécution.

Le Cinématographe, au nom si laid, indique la route. Un génie, lequel est par définition un miracle, de même que la beauté est surprise, accomplira l'œuvre de conciliation qui nous semble aujourd'hui à peine concevable. C'est lui qui trouvera les modes, jusqu'ici invraisemblables, d'un art qui pour un long temps encore apparaîtra fabuleux et grotesque. C'est l'inconnu de demain qui créera le courant énorme d'émotion esthétique nouvelle, d'où surgira dans le plus absurde des triomphes l'Art plastique en mouvement.

II

El Teatro ha logrado hasta ahora esta conciliación. Pero es efímera, pues la plástica teatral se identifica con la de los actores, y es por tanto siempre diversa.

La nueva expresión del Arte debería ser, en realidad, precisamente una Pintura y una Escultura desarrollándose en el tiempo, a la manera de la Música y de la Poesía, que solo se realizan rítmicamente en el aire mientras dura su ejecución.

El cinematógrafo, de nombre bien feo, señala el camino. Un ingenio, que es por definición un milagro, lo mismo que sorprende a la belleza, logrará realizar la conciliación que hoy apenas nos parece concebible. Es quien encontrará los modos, hasta ahora inimaginables, de un arte que durante mucho tiempo parecerá todavía fabuloso y grotesco. Lo desconocido del mañana creará la corriente enorme de la nueva emoción estética, de la que surgirá en el más absurdo de los triunfos el Arte plástico en movimiento.

 

III

Le Cinématographe est composé d'éléments significatifs, “représentatifs” dans le sens émersonien et non dans le sens théâtral du mot, et l'on peut déjà les classer.

Il a deux aspects: l'un, symbolique, l'autre réel; tous les deux sont très modernes, c'est à-dire possibles seulement dans notre temps, composés de certains éléments essentiels de l'esprit et de l'énergie modernes.

III

El cinematógrafo se compone de elementos significativos, “representativos” en el sentido emersoniano y no en el sentido teatral de la palabra, y ya podemos clasificarlos.

Tiene dos aspectos: uno simbólico, el otro real; ambos son muy modernos, es decir, solo posibles en nuestro tiempo, compuestos de ciertos elementos esenciales del espíritu y la energía modernos.

 

L'aspect symbolique, est celui de la vitesse. Une série fort multiple de combinaisons, d'activités combinées, est offerte la vitesse qui en compose un spectacle, c'est-à-dire une série de visions et d'aspects liés dans un faisceau vibrant et vu comme un organisme vivant. Ce spectacle n'est obtenu que par excès même de mouvement des films, des mystérieuses bobines impressionnées par la vie même. Les bobines des pellicules historiées se développent devant et dans la lumière, rapidement, et le spectacle dure le moins de temps possible. Aucun théâtre ne pourrait donner avec une telle vertigineuse rapidité la moitié des changements de décors qu'offre le Cinématographe, fut-il pourvu des plus extraordinaires machineries modernes.

Mais plus que le mouvement des images et que la rapidité de la représentation, ce qui vraiment est symbolique par rapport à la vitesse, c'est le geste des personnages. On voit se dérouler les scènes les plus tumultueuses, les plus invraisemblablement mouvementées, avec une rapidité qui parait impossible dans la réalité. Cette précipitation du mouvement est réglée avec une précision mathématique et mécanique telle qu'elle peut satisfaire le plus exaspéré des coureurs de distances. Par mille moyens fort complexes, et les plus acharnés, notre temps a détruit cet amour de la lenteur qui est représentée par la pipe patriarcale fumée à côté du foyer domestique. Mais qui peut aujourd'hui savourer sa pipe à côté d'un feu paisible, sans tendre [171] l'oreille au bruit véhément des automobiles, que meut dehors, de jour et de nuit, dans tous les sens, la nostalgie irrésistible des espaces à conquérir? Le Cinématographe peut satisfaire le plus véhément coureur. L'automobiliste qui arrêté à peine, après une course des plus folles, assiste à un de ses spectacles, ne sera point envahi par le sens de la lenteur: les figurations de la vie lui apparaîtront rapides autant que celles des espaces parcourus. Le Cinématographe lui donnera aussi la vision des pays les plus lointains, des hommes les plus inconnus, des expressions humaines les plus ignorées, se mouvant, s'agitant, palpitant devant le spectateur entraîné dans la rapidité extrême de la figuration. Et c'est là le deuxième symbole de la vie moderne, représente par le Cinématographe, un symbole “instructif” qu'on retrouve l'état rudimentaire dans l'exhibition des “phénomènes” des foires anciennes. C'est la destruction symbolique des distances, par la connaissance immédiate des pays les plus divers, semblable à la destruction réelle des distances que poursuivent les monstres de l'acier, depuis un siècle.

L'aspect réel du Cinématographe est composé d'éléments qui intéressent, en l'émerveillant, la psychologie du public moderne.

Il apparaît de plus en plus évident que notre humanité cherche activement son spectacle, la représentation la plus significative d'elle-même. Le théâtre de l'éternel adultère, thème unique de la scène bourgeoise, est dédaigné enfin, et l'on s'efforce vers un théâtre des Poètes, nouveaux, profondément modernes par la renaissance de la Tragédie, dont les nombreux et vagues spectacles de plein air représentent jusqu'ici la tentative désordonnée, incohérente, mais intensément voulue. Inattendu, résumant immédiatement toutes les valeurs d'une époque encore éminemment scientifique, livrée au Calcul et non plus au Rêve, le Cinématographe s'est imposé en se répandant singulièrement, comme un théâtre nouveau, une sorte de théâtre scientifique, fait de calcul précis, d'expression mécanique. Notre humanité inquiète l'a accueilli avec joie. Et c'est ce théâtre de l'Art plastique en mouvement qui semble nous apporter la somptueuse promesse de la Fête obscurément attendue, de l'évolution dernière de la Fête antique, que tous les temps réalisèrent dans les temples; dans les théâtres, dans les foires. La thèse de l'Art plastique en mouvement a créé la Fête. Elle l'a crée scientifiquement et non esthétiquement, et par cela même, elle triomphe, dans notre époque, tout en se développant fatalement, inéluctablement, vers l'Esthétique qu'elle atteindra. [172]

El aspecto simbólico es el de la velocidad. Una serie realmente múltiple de combinaciones, de actividades combinadas, ofrece la velocidad que compone un espectáculo, es decir, una serie de visiones y aspectos relacionados en un rayo vibrante y visto como un organismo vivo. Este espectáculo sólo se obtiene por el exceso mismo de movimiento de las películas, de misteriosos carretes impresionados por la vida misma. Las historias se desarrollan rápidamente en los carretes de las películas, de frente y a la luz, y el espectáculo dura lo menos posible. Ningún teatro podría realizar con una rapidez tan vertiginosa la mitad de los cambios de escenario que ofrece el Cinematógrafo, aunque dispusiera de la maquinaria moderna más extraordinaria.

Pero más que el movimiento de imágenes y la velocidad de la representación, lo que realmente es simbólico respecto de la velocidad, es el gesto de los personajes. Vemos como se desarrollan las escenas más tumultuosas, los movimientos más inverosímiles, con una rapidez que parece imposible en la realidad. Esta precipitación de movimiento está regulada con una precisión matemática y mecánica tal que puede satisfacer a los más exasperados corredores de distancia. Por mil medios muy complejos e implacables, nuestro tiempo ha destruido ese amor por la lentitud que se representa por la pipa patriarcal fumada junto al hogar doméstico. Pero, ¿quien puede hoy saborear su pipa junto a un fuego pacífico, sin oir el ruido intenso de los automóviles que se mueven fuera, día y noche, en todos los sentidos, irresistible nostalgia de espacios por conquistar? El Cinematógrafo puede satisfacer al conductor más violento. El automovilista que se acaba de detener, tras una carrera de lo más loca, y asiste a uno de sus espectáculos, no será invadido por una sensación de lentitud: la figuración de la vida se le aparecerá mucho más rápida que la de los espacios recorridos. El Cinematógrafo le ofrecerá también la visión de los países más lejanos, de los hombres más desconocidos, de las expresiones humanas más ignoradas, moviéndose, agitándose, palpitando ante el espectador acostumbrado a la extrema rapidez de la figuración. Este es el segundo símbolo de la vida moderna, representada por el Cinematógrafo, un símbolo “instructivo” que encontramos en estado rudimentario en la exhibición de “fenómenos” en las antiguas ferias. Es la destrucción simbólica de las distancias, por el conocimiento inmediato de los países más diversos, similar a la destrucción real de las distancias que mantienen los monstruos de acero desde hace un siglo.

El aspecto real del Cinematógrafo está compuesto de elementos que interesan, y maravillan, la psicología del público moderno.

Parece cada vez más evidente que nuestra humanidad está buscando activamente su espectáculo, la representación más significativa de sí misma. El teatro del eterno adulterio, tema único de la escena burguesa, es al fin despreciado, y se intenta conseguir un teatro de Poetas, nuevos, profundamente modernos mediante el renacimiento de la Tragedia, que aparte numerosos y vagos espectáculos que suponen hasta ahora un intento desordenado, incoherente, pero intensamente deseado. Inesperado, resumiendo inmediatamente todos los valores de una época todavía eminentemente científica, entregada al cálculo más que al sueño, el Cinematógrafo se ha impuesto y se expande singularmente, como un nuevo teatro, una suerte de teatro científico, hecho de cálculos precisos, de expresión mecánica. Nuestra inquieta humanidad lo ha recibido con alegría. Y es este teatro del Arte plástico en movimiento el que parece que nos aporta la magnífica promesa de Fiesta oscuramente esperada, la evolución última de la Fiesta antigua que durante todos los tiempos se celebró en los templos; en los teatros, en las ferias. La teoría del Arte plástico en movimiento ha creado la Fiesta. La ha creado científicamente y no estéticamente, y por esto mismo, triunfa en nuestro tiempo, mientras todo se desarrolla fatalmente, inevitablemente, hacia la Estética que llegará.

 

IV

Une considération d'ordre psychologique général ne peut pas échapper à l'observateur attentif, qui chercherait dans tout mouvement des foules la signification en quelque sorte éternelle, à la fois traditionnelle et neuve, qu'il contient.

Au théâtre cinématographique comme aux fêtes foraines, l'humanité redevient enfant. Les spectacles se déroulent entre les deux extrêmes pathétiques de l'émotivité générale: le très émouvant et le très comique. Les affiches contiennent ces deux promesses d'émotion, les accouplent. Les esprits passent violemment de l'une à l'autre, comme dans la vie. Et l'humanité-enfant s'oublie, se laisse entraîner dans le mouvement de représentations ultra-rapides, avec un abandon qu'on retrouverait difficilement dans les salles de spectacles de notre scène de prose.

Tout, au cinématographe, est fait pour retenir l'attention haletante, pour ne pas lâcher le spectateur dont l'esprit est rivé à l'écran animé. Le geste rapide, qui s'y affirme avec une précision monstrueuse, comme sur une horloge à sujets, exalte le spectateur moderne habitué de plus en plus à vivre le plus rapidement possible. La vie “réelle” est représentée ainsi d'une manière suprême, elle est stylisée dans la rapidité.

Je touche ici au grand point esthétique qu'il m'intéresse de mettre en lumière.

IV

Una consideración de orden psicológico general no puede escapar al observador atento, que buscará en cada movimiento de las masas el significado de alguna manera eterno, tanto tradicional como nuevo, que contiene.

En la sala cinematográfica como en los carnavales, la humanidad se vuelve a la infancia. Los espectáculos tienen lugar entre los dos extremos patéticos de la emotividad general: el muy conmovedor y el muy cómico. Los carteles contienen esas dos promesas de emoción, las combinan. Los espíritus pasan violentamente de una a la otra, como en la vida. Y la humanidad-niño se olvida, se deja llevar por el movimiento de representaciones ultrarrápidas, con un abandono que sería difícil encontrar en las salas de espectáculos de nuestra escena en prosa.

Todo, en el cinematógrafo, está hecho para retener la atención jadeante, para no fallar al espectador, cuya mente está clavada en la pantalla animada. El gesto rápido, que se afirma con una precisión monstruosa, como en un reloj con sujetos, exalta al espectador moderno habituado cada vez más a vivir lo más rápido posible. La vida “real” está así representada de una manera suprema, está estilizada en la velocidad.

Toco aquí el gran punto estético, que me interesa destacar.

 

L'art a toujours été, essentiellement, la stylisation de la vie dans l'immobilité; un artiste a toujours été d'autant plus grand qu'il a exprimé davantage un plus grand nombre d'états “typiques”' c'est-à-dire synthétiques et fixes, des âmes et des formes. Le cinématographe réalise au contraire le maximum de mouvement dans la représentation de la vie. La pensée qu'il puisse ouvrir l'horizon insoupçonné d'un art nouveau, différent de toute manifestation déjà existante, se présente naturellement à un esprit dégagé de toute contrainte traditionnelle. Les dessinateurs et les graveurs obscurs des cavernes préhistoriques qui reproduisaient sur des os de renne les mouvements convulsés du cheval au galop, ou les artistes qui sculptaient les chevauchées des frises du Parthénon, eurent peut-être aussi le désir de styliser quelques aspects de la vie dans un mouvement extrême. Mais le cinématographe ne reproduit pas seulement un aspect; il représente toute la vie en action, et dans une action qui, même lorsqu'elle déroule lentement la chaîne de ses aspects typiques, est là développée le plus vite possible.

C'est ainsi que le Cinématographe exaspère le caractère fondamental de la vie psychique occidentale, laquelle se [173] manifeste dans l'action, ainsi que la vie orientale se manifeste dans la contemplation. Tous les siècles de la vie occidentale s'épanouissent dans le mouvement caractéristique de notre temps. Et l'humanité redevenue enfant dans sa fête nouvelle, s'en réjouit. Elle ne pourrait pas concevoir un mouvement plus complexe et plus sûr. Tout l'effort de sa pensée scientifique, résumant mille découvertes et inventions, a composé pour elle ce spectacle suprême d'elle-même. Et les fantômes cinématographiques passent devant ses yeux avec toutes les vibrations électriques de la lumière, et dans toutes les manifestations extérieures de sa vie intime.

Le cinématographe est donc le théâtre d'une Pantomime nouvelle. Il est consacré à la Peinture en mouvement, et il présente la manifestation complète d'une singulière création, réalisée par des hommes nouveaux. C'est la pantomime moderne, une nouvelle danse de l'expression.

El arte siempre ha sido, esencialmente, estilización de la vida en quietud; un artista siempre ha sido más grande cuando mejor ha expresado mayor número de estados “típicos”, esto es, sintéticos y fijos, de las almas y las formas. Por el contrario, el cinematógrafo logra el máximo de movimiento en la representación de la vida. El pensamiento de que puede abrir el horizonte insospechado de un arte nuevo, diferente de cualquier manifestación ya existente, se presenta naturalmente a un espíritu liberado de todas las limitaciones tradicionales. Los dibujantes y los grabadores oscuros de las cavernas prehistóricas que reproducían en los huesos de reno los movimientos convulsos del caballo al galope, o los artistas que tallaron las cabalgatas de los frisos del Partenón, quizá tenían también el deseo de estilizar algunos aspectos de la vida en un movimiento extremo. Pero el cinematógrafo no reproduce solo un aspecto; representa toda la vida en acción, y en una acción que, incluso cuando desarrolla lentamente la cadena de sus aspectos típicos, se desarrolla lo más rápido posible.

Así es que el cinematógrafo exaspera el carácter fundamental de la vida psíquica occidental, que se manifiesta en la acción, así como la vida oriental se manifiesta en la contemplación. Todos los siglos de la vida occidental florecen en el movimiento característico de nuestro tiempo. Y la humanidad, vuelta a la infancia, se regocija en su nueva fiesta. No podía concebir un movimiento más complejo y más seguro. Todo el esfuerzo de su pensamiento científico, resumiendo mil descubrimientos e invenciones, ha compuesto para ella ese supremo espectáculo de sí misma. Y los fantasmas cinematográficos pasan frente a sus ojos con todas las vibraciones eléctricas de la luz y con todas las manifestaciones externas de su vida íntima.

El cinematógrafo es así el teatro de una nueva Pantomima. Está dedicado a la Pintura en movimiento, y presenta la manifestación completa de una creación singular, realizada por hombres nuevos. Es la pantomima moderna, una nueva danza de la expresión.

 

V

Il est nécessaire maintenant de se demander si le cinématographe relève des domaines de l'art.

Il n'est pas encore de l'art, car il lui manque la possibilité du choix typique de l'interprétation plastique, et il est asservi la copie d'un sujet, ce qui empêche toujours la photographie d'être un art. En composant la forme d'un arbre sur une toile un peintre compose sans doute, et inconsciemment, dans une forme déterminée et évidente, toute son interprétation de l'âme végétale, tous les éléments spirituels laissés dans le tréfonds de son âme créatrice par la vision profonde de tous les arbres que dans sa vie il a pu voir “avec des yeux de rêve”, comme disait Poë. Dans une forme, il fait une synthèse d'âmes analogues, et son art, je le répète, sera d'autant plus profond, que l'artiste aura su immobiliser le plus de l'âme des choses et de ses significations universelles, dans une forme déterminée et évidente. Le mauvais peintre est celui qui se contente de copier les lignes d'un sujet et d'en imiter les couleurs; le grand artiste étend une parcelle de l'âme cosmique dans l'aspect d'une forme plastique.

V

Se hace necesario preguntar ahora si el cinematógrafo pertenece a los campos del arte.

No es arte todavía, porque le falta la posibilidad de elección típica de la interpretación plástica, y se esclaviza en la copia de un asunto, lo que impide siempre que la fotografía pueda ser un arte. Al componer la forma de un árbol sobre el lienzo, un pintor compone sin duda, e inconsciente, de una forma determinada y evidente, toda su interpretación del alma vegetal, todos los elementos espirituales dejados en las entrañas de su alma creativa por la visión profunda de todos los árboles que en su vida pudo mirar “con ojos de soñador”, como dijo Poë. En una forma, hace una síntesis de almas análogas, y su arte, repito, será tanto más profundo, cuanto el artista pueda inmovilizar la mayor parte del alma de las cosas y sus significados universales, de forma determinada y evidente. El mal pintor es aquel que se limita a copiar las líneas de un asunto e imita sus colores; el gran artista amplía una parcela del alma cósmica con el aspecto de una forma plástica.

 

Tous les arts sont d'autant plus grands qu'ils sont moins d'imitation et plus synthétiquement d'évocation. Tandis que le photographe n'a pas la faculté du choix et de la composition, ce qui est la base de l'Esthétique; il ne peut que mettre ensemble les formes qu'il veut reproduire, et, en réalité, il ne les reproduit pas, il ne fait que couper des images à la mécanique lumineuse d'un verre et d'une composition chimique. Le Cinématographe ne peut donc pas [174] être un art, aujourd'hui. Mais pour plusieurs raisons, le théâtre cinématographique est la première maison de l'art nouveau, –d'un art qu'il nous est donné à peine de concevoir.– Cette “maison” peut-elle devenir un “temple” pour l'esthétique?

Une volonté d'organisation esthétique pousse â certaines recherches les entrepreneurs de spectacles. Dans un temps sans imagination, où une documentation outrancière épuise partout la création artistique et où les jeux de patience triomphent sur les expressions du talent créateur, dans un temps semblable qui est le nôtre, le cinématographe offre le spectacle paroxystique de la vie extérieure, représentée d'une manière tout extérieure par une mimique rapide et de la documentation. Les grandes fables du passé y sont reprises, mimées par des acteurs ad hoc choisis parmi les grandes vedettes. On y représente surtout la réalité et non le rêve de la vie contemporaine de la pêche des sardines dans la Méditerranée, aux fêtes merveilleuses de l'acier ailé et du courage humain indomptable des courses du circuit de Dieppe ou de la semaine de l'aviation à Reims...

Mais les faiseurs de spectacles essayent déjà autre chose. Ils s'efforcent simplement vers l'affirmation toujours plus puissante de la nouvelle mimique représentative de la “vie totale” et Gabriel d'Annunzio a rêvé d'une grande pantomime héroïque italienne pour cinématographe. A Paris, on le sait, existent des sociétés qui organisent parmi les écrivains une sorte de trust des spectacles pour cinématographe. Le théâtre offrait jusqu'ici aux écrivains les plus immédiates possibilités de richesse; mais le cinématographe demande moins de travail et peut rapporter davantage. Des centaines de têtes de poètes se courbent à l'heure présente sur les papiers destinés à un drame cinématographique. Des centaines de talent fascinés par la promesse du succès immédiat et universel concentrent leurs forces vers la création de la Pantomime moderne. Elle sortira de leur labeur opiniâtre et du génie probable d'un parmi eux. Le jour où elle sera donnée au monde, c'est un art nouveau, totalement nouveau qui aura surgi.

Todas las artes son mucho más grandes cuanto tienen menos de imitación y más sintéticamente de evocación. Mientras que el fotógrafo no tiene la facultad de elección y composición, que es la base de la Estética; solo puede juntar las formas que quiere reproducir y, en realidad, no las reproduce, solo corta imágenes a la mecánica luminosa de un vidrio y una composición química. El cinematógrafo no puede, por lo tanto, ser un arte, hoy. Pero por muchas razones, el teatro cinematográfico es la primera casa del arte nuevo –de un arte que apenas podemos concebir–. ¿Puede esta “casa” convertirse en un “templo” para la estética?

Una voluntad de organización estética empuja a ciertas investigaciones a los empresarios de espectáculos. En un tiempo sin imaginación, donde una documentación exagerada agota por todas partes la creación artística y donde los juegos de la paciencia triunfan sobre las expresiones del talento creativo, en un momento similar al nuestro, el cinematógrafo ofrece el espectáculo paroxístico de la vida exterior, representada de una manera totalmente externa por una mímica rápida y por la documentación. Las grandes fábulas del pasado son asumidas, imitadas por actores elegidos ad hoc entre las grandes estrellas. Y se representa sobre todo la realidad y no el sueño de la vida contemporánea de la pesca de la sardina en el Mediterráneo, de los maravillosos festivales del acero alado y del indomable coraje humano de las carreras del circuito de Dieppe o de la semana de la aviación en Reims…

Pero los fabricantes de espectáculos ya están intentando algo más. Ellos simplemente se inclinan hacia la cada vez más potente afirmación de la nueva mímica representativa de la “vía total” y Gabriel d'Annunzio ha soñado con una gran pantomima heroica italiana para la cinematografía. En París, como sabemos, existen sociedades que organizan entre los escritores una especie de sindicato de espectáculos para la cinematografía. Hasta ahora, el teatro venía ofreciendo a los escritores las posibilidades más inmediatas de riqueza; pero el cinematógrafo requiere menos trabajo y puede rendir más. Cientos de cabezas de poetas se inclinan en la actualidad sobre los papeles dedicados a un drama cinematográfico. Cientos de talentos fascinados por la promesa del éxito inmediato y universal están concentrando sus energías en la creación de la Pantomima moderna. Ella saldrá de su trabajo obstinado y del genio probable de uno de ellos. El día en que le sea dado al mundo, será un arte nuevo, totalmente nuevo el que habrá surgido.

 

VI

Le cinématographe n'est pas seulement la résultante parfaite de la richesse scientifique moderne qu'il a admirablement résumée. Il représente aussi d'une manière déroutante autant qu'importante, le dernier produit du théâtre contemporain. Ce n'est pas l'exagération d'un principe, mais son plus logique et extrême développement. Les dramaturges “bourgeois”, tous nos faiseurs de “pièces” devraient naturellement reconnaître dans le Cinématographe [175] leur représentant le plus discret, et devaient par conséquent se disposer à le tenir en s'en servant, car le drame dit psychologique, social, &c., n'est autre chose que la dégénérescence du théâtre comique originaire, opposé au théâtre de rêve et d'élévation spirituelle tragiques; le théâtre d'Aristophane ou de Plaute. Vitruve qui nous décrit en architecte les différentes scènes qui enveloppaient les actions antiques, nous parle de la solennité des colonnes et des temples du théâtre tragique, des bois du théâtre satirique, des gestes sylvains, et des maisons bourgeoises où se déroulaient les comœdia… Celles-ci n'étaient que la représentation de la vie quotidienne dans ses physionomies individuelles et collectives, nous dirions aujourd'hui psychologiques et sociales, c'est-à-dire des caractères et des mœurs.

VI

El cinematógrafo no es solo la resultante perfecta de la riqueza científica moderna que admirablemente ha resumido. Representa también de manera desconcertante e importante el último producto del teatro contemporáneo. No es la exageración de un principio, sino su desarrollo más lógico y extremo. Los dramaturgos “burgueses”, todos los fabricantes de “piezas” deberían reconocer naturalmente, en la Cinematografía, su representante más discreto, y deberían en consecuencia disponer de ella a su servicio, pues el drama dicho psicológico, social, &c., no es sino la degeneración del teatro cómico originario, opuesto al teatro de fantasía y elevación espiritual trágica; el teatro de Aristófanes o de Plauto. Vitruvio nos ha descrito como arquitecto distintos escenarios que envolvían las acciones antiguas, nos habla de la solemnidad de las columnas y de los templos del teatro trágico, de la madera teatro satírico, de gestos selváticos, y de casas burguesas donde se desarrollaban las Comedias... Estas no eran más que la representación de la vida cotidiana en sus fisonomías individuales y colectivas, diríamos hoy psicológicas y sociales, es decir, de caracteres y de costumbres.

 

Shakespeare qui résuma pour l'art théâtral la volonté et l'effort littéraires des puissants talents de sa race qui l'avaient précédé, fut le précurseur de notre théâtre “psychologique”, il fut surtout le grand dramaturge du théâtre sans musique. Un tel théâtre est absurde lorsqu'il s'applique à la Tragédie (et dans ce sens, l'art très important mais point absolument génial de Racine, et l'art de Corneille, sans doute plus profondément tragique dans le sens collectif religieux, est un art de dégénérescence). Mais un théâtre sans musique n'est plus absurde s'il reproduit la vie éphémère, la vie de chaque jour pour en arrêter quelques aspects, sans vouloir ou de toute façon sans pouvoir en fixer l' “éternité”, l'âme profonde. Voilà pourquoi la comédie, depuis celle d'Aristophane à celle de Becque ou de Porto Riche et d'Hervieu, vit et plaît, et elle plait même dans cette forme dégénérée de la comédie devenue “sérieusement” et qu'on appelle: drame. La base de ces drames est la représentation de la vie ordinaire contemporaine, et par cela même ce théâtre est essentiellement réaliste, ou, comme disent les Italiens, vériste. Tous nos dramaturges de salle close (par opposition a la minuscule phalange des poètes nouveaux du plein air) s'efforcent de représenter le plus exactement la vie, en la copiant. Les entrepreneurs de spectacles, directeurs de théâtre, poussent le principe jusqu'à donner plus d'importance au décor minutieusement photographique, qu'aux pièces mêmes.

Or, le cinématographe ne fait qu'exalter ce principe de la représentation de la vie dans sa totale et tout extérieure “vérité”.

C'est le triomphe de cet œil artistique que Cézanne, appelait avec un dédain sacré: l'œil photographique. [176]

Shakespeare, que resume para el arte teatral la voluntad y el esfuerzo literario de los poderosos talentos de su raza que le habían precedido, fue el precursor de nuestro teatro “psicológico”, y fue sobre todo el gran dramaturgo del teatro sin música. Tal teatro es absurdo cuando se aplica a la Tragedia (y en este sentido, el arte muy importante pero no absolutamente genial de Racine, y el arte de Corneille, sin duda más profundamente trágico en el sentido colectivo religioso, un arte de degeneración). Pero un teatro sin música no es absurdo si reproduce la vida efímera, la vida de cada día para detenerse en algunos aspectos, sin querer o al menos sin ser capaz de solucionar la “eternidad”, el alma profunda. Por eso la comedia, despues de las de Aristófanes, o las de Becque o Porto Riche y Hervieu, vive y gusta, e incluso agrada en esta forma degenerada de la comedia que se convierte en “seria” y se llama: drama. La base de estos dramas es la representación de la vida cotidiana contemporánea, y por eso este teatro es esencialmente realista, o, como dicen los italianos, verismo. Todos nuestros dramaturgos de salas cerradas (en contraposición a la minúscula falange de nuevos poetas al aire libre) se esfuerzan por representar con la mayor precisión la vida, copiándola. Los organizadores de espectáculos, directores de teatro, impulsan el principio de dar más importancia a la decoración meticulosamente fotográfica, que a las habitaciones mismas.

Ahora, el cinematógrafo solo exalta este principio de la representación de la vida en su totalidad y en toda “verdad” externa.

Es el triunfo de este ojo artístico que Cezanne, con desdén sagrado, denominó: el ojo fotográfico.

 

VII

Le cinématographe ajoute cependant à ce théâtre l'élément de la rapidité absolument précise et il révèle ainsi une joie nouvelle que le spectateur trouve dans la précision extrême du spectacle. En effet aucun des acteurs qui se meuvent sur la scène illusoire trahira son rôle, ou manquera d'une fraction de seconde au développement mathématique de l'action. Tout est réglé avec un mouvement d'horlogerie. L'illusion scénique est moins palpitante en quelque sorte moins charnelle, mais elle est terriblement entrainante. Et cette vie réglée par un mouvement mécanique d'horlogerie, fait penser au triomphe du principe scientifique moderne comme à une domination nouvelle d'Ahriman, le maître dans la pensée manichéenne de la mécanique du monde.

La rapide communion de la vie entre les deux pôles extrêmes, les deux opposés élémentaires du très émouvant et du très comique, repose l'esprit des spectateurs. Tout ce qui dans la réalité est un obstacle: la lenteur inévitable des mouvements et des gestes dans le temps et dans l'espace es supprimée au Cinématographe. En plus, le très comique repose l'esprit en allégeant la vie du poids du manteau social, solennel, drapé par les mille conventions de l'assistance collective et sur lequel sont figurées toutes les hiérarchies. Le comique a la puissance de supprimer les hiérarchies, d'accoupler les êtres les plus divers, de donner l'extraordinaire impression des mélanges des mondes les plus séparés, les plus inflexiblement séparés dans la vie réelle. Le comique étant essentiellement irrespectueux, le sens profond de soulagement se propose par lui aux êtres que les délimitations sociales, si durement marquées, oppressent à tout instant dans la vie réelle. Ce sens de soulagement est un des éléments de ce mouvement nerveux convulsif et expansif qu'on appelle: le rire. La vie est simplifiée par ce grotesque qui n'est exactement que la déformation per excessum ou per defectum des formes établies. Le grotesque compris du moins dans ce sens enlève à la vie sa dureté inéluctable, la laisse s'épanouir dans le rire.

VII

El cinematógrafo agrega a este teatro, sin embargo, el elemento de velocidad absolutamente precisa y así revela una nueva alegría que el espectador encuentra en la extrema precisión del espectáculo. De hecho, ninguno de los actores que se mueven en la escena ilusoria traicionará su papel, o perderá una fracción de segundo en el desarrollo matemático de la acción. Todo está reglado con un movimiento de relojería. La ilusión escénica es menos emocionante y en cierta manera menos carnal, pero es terriblemente inspiradora. Y esta vida regulada por un movimiento mecánico de relojería, hace pensar en el triunfo del principio científico moderno como el nuevo predominio de Ahriman, el maestro en el pensamiento maniqueo de la mecánica del mundo.

La rápida comunión de vida entre los dos polos extremos, los dos opuestos elementales de lo muy emotivo y lo muy cómico, descansa en el espíritu de los espectadores. Todo lo que en realidad es un obstáculo: la inevitable lentitud de los movimientos y gestos en el tiempo y el espacio queda suprimido en el Cinematógrafo. Además, lo muy cómico descansa en el espíritu aligerando la vida del peso del escudo social, solemne, envuelto por las mil convenciones de la asistencia colectiva y sobre el que se descifran todas las jerarquías. Lo cómico tiene el poder de suprimir jerarquías, de mezclar los seres más diversos, de dar la impresión extraordinaria de las mezclas de los mundos más separados, los más inflexiblemente separados en la vida real. Lo cómico es esencialmente irrespetuoso, supone un profundo sentido de alivio ante las fronteras sociales, tan marcadas, que oprimen cualquier momento de la vida real. Esta sensación de alivio es uno de los elementos de este movimiento nervioso convulsivo y expansivo llamado: la risa. La vida se simplifica con este grotesco que es exactamente la deformación por exceso o por defecto de las formas establecidas. Lo grotesco entendido al menos en este sentido, quita de la vida su dureza ineludible, le permite florecer en la risa.

 

La caricature se base sur l'exhibition et sur la combinaison savante des côtés minima de l'âme humaine, des côtés faibles d'où jaillit l'ironie de la vie sociale, qui au fond est suffisamment ironique et folle. C'est par l'ironie dans le mouvement convulsif du rire, que la caricature, développe dans l'homme ce sens suprême de légèreté, l'ironie jetant sur le dos redressé de l'homme le manteau bariolé de Zarathoustra “danseur et rieur”.

Les anciens surent que l'ironie est le principe de la Sagesse. [177] Ils couronnèrent par le rire, avec la Farce, le spectacle tragique. A l'encontre des anciens, nous faisons procéder au lieu de suivre, la Farce au spectacle dramatique, avec le lever de rideau, car nous avons oublié la signification de certaines vérités trouvées par nos ancêtres; mais la besoin du spectacle ironique demeure. Et la Farce de la Tétralogie d'Oreste, d'Eschyles, la Farce que l'on n'a plus retrouvée, devait être en puissance formidablement riche de rire, pour qu'elle pût soulever l'esprit des élégantes Athéniennes accablées par la terreur cassandrienne. Eh bien, je ne connais rien de plus superbement grotesque que les spectacles très comiques du cinématographe. On y voit que les apparitions extravagantes telles qu'aucun prestidigitateur ne pourrait jamais en réaliser de semblables; il y a des transformations, de telles rapides transformations de mouvements et de figurations, qu'aucun homme ne pourrait en créer devant les hommes, sans l'aide de ce mélange étonnant de mécanique et de chimie, de ce suprême créateur d'illusion qui est le cinématographe. Un type comique nouveau est créé ainsi. C'est l'homme aux gaffes et aux métamorphoses invraisemblables, capable de se montrer écrasé sous son armoire à glace, précipitant au sol, à travers quatre étages d'une maison, quatre parquets qu'il perce avec sa tête, pour remonter ensuite à travers les cheminées et apparaître sur les toits transformé en serpent véritable.

La complexité du spectacle nouveau est merveilleuse. Elle a été composée par tous les siècles de l'activité humaine. Lorsque des artistes géniaux auront donné ce spectacle quelques rythmes de pensée et d'art, l'Esthétique nouvelle montrera au théâtre cinématographique quelques-uns de cas aspects les plus significatifs.

Car le théâtre cinématographique est le premier théâtre nouveau, le premier théâtre réellement et profondément de notre temps. Lorsqu'il sera devenu vraiment esthétique et qu'il sera complété par une musique digne, exécutée par un véritable orchestre même ne représentant que la vie réelle, arrêtée d'une manière éphémère par l'objectif photographique, on pourra éprouver une première émotion templaire, on pourra y entrevoir un acheminement des esprits vers la vision de ce temple où, de nouveau, le Théâtre et le Musée seront remis par une nouvelle combinaison religieuse du Spectacle et de l'Esthétique. Le théâtre cinématographique tel qu'il est aujourd'hui évoquera pour les historiens de l'avenir la vision des premiers et fort rudimentaires théâtres de bois, où l'on égorgeait le bouc et l'on dansait “l'ode du bouc”, la “tragoedia” primitives, avant l'apothéose de pierre que Lycurgue consacra au théâtre de Dionysos et aussi avant la naissance d'Eschyle. [178]

La caricatura se basa en la exhibición y en la sabia combinación de los límites mínimos del alma humana, los lados débiles de los cuales surge la ironía de la vida social, que en el fondo es lo suficientemente irónica y alocada. A través de la ironía el movimiento convulsivo de la risa, de la caricatura que desarrolla en el hombre esa suprema sensación de ligereza, la ironía que arroja sobre la espalda enderezada del hombre el manto colorido de Zaratustra “bailarín y reidor”.

Los antiguos sabían que la ironía es el principio de la Sabiduría. Coronaron de risa, con la Farsa, el espectáculo trágico. Al contrario que los antiguos, hemos procedido en vez de esto, a convertir la Farsa en un espectáculo dramático, al elevar el telón, porque hemos olvidado el significado de algunas verdades que conocían nuestros antepasados; pero permanece la necesidad del espectáculo irónico. Y la farsa de la Tetralogía de Orestes, de Esquilo, la farsa que ya no se encuentra, tuvo que ser increíblemente rica en risas, como para levantar el espíritu de los elegantes atenienses abrumados por el terror de Casandra. Pues bien, no conozco nada más supremamente grotesco que los espectáculos muy cómicos del cinematógrafo. Uno ve allí apariencias extravagantes tales que ningún prestidigitador podría jamás hacerlas parecidas; hay transformaciones, cambios tan rápidos de movimientos y de figuraciones, que ningún hombre podría hacerlas delante de los hombres, sin el concurso de esta mezcla asombrosa de mecánica y de química, de este supremo creador supremo de ilusión que es el cinematógrafo. También se ha creado un nuevo tipo cómico. Es el hombre mete patas de las transformaciones inverosímiles, capaz de aparecer aplastado bajo su armario, caerse por el suelo a través de cuatro pisos de una casa, cuatro plantas que perfora con la cabeza, para subir después a través de las chimeneas y aparecer por los tejados transformado en una verdadera serpiente.

La complejidad del nuevo espectáculo es maravillosa. Está compuesta por todos los siglos de actividad humana. Cuando los artistas geniales hayan dado a este espectáculo algunos ritmos de pensamiento y arte, la nueva Estética mostrará al teatro cinematográfico algunos de los aspectos más significativos.

Porque el teatro cinematográfico es el primer teatro nuevo, el primer teatro real y profundamente de nuestro tiempo. Cuando llegue a ser verdaderamente estético y se vea complementado por una música digna, interpretada por una orquesta real que incluso sólo represente la vida real, detenida de manera efímera por el objetivo fotográfico, se podrá experimentar una primera emoción templaria, se podrá entrever un camino de los espíritus hacia la visión del templo, donde una vez más, el Teatro y el Museo serán presentados por una nueva combinación religiosa del Espectáculo y de la Estética. La sala de cine tal como lo es hoy evocará a los historiadores del porvenir la visión de los primeros y muy rudimentarios teatros de madera, donde se degollaba a la cabra y se danzaba “la oda de la cabra”, las “tragedia” primitivas, antes de la apoteosis de piedra que dedica Licurgo al teatro de Dioniso y también antes del nacimiento de Esquilo.

 

Le public moderne est un “abstracteur” admirable puisqu'il peut jouir des abstractions les plus absolues de la vie. On a pu voir à l'Olympia par exemple, les spectateurs applaudissant frénétiquement le phonographe qui était sur la scène, habillé de fleurs et dont la trompe de cuivre éblouissante venait de jouer un duo d'amour... La machine triomphait, le public applaudissait le fantôme sonore des acteurs lointains ou morts. C'est avec un semblable esprit, que les spectateurs accourent au théâtre Cinématographique. Au surplus, celui-ci apporte-t-il dans les plus petites agglomérations humaines, un spectacle de choses éloignées, divertissantes, émouvantes ou instructives, il généralise la culture et il aiguise partout le désir éternel du spectacle de la Représentation de la vie totale.

Sur les murs de ces salles, on voit parfois des descriptions qui rappellent les dernières étapes de la singulière invention qui précipite la connaissance des événements universels, et, partout la vie et la sensation de la vie, depuis 1830 environ jusqu'à nous et parmi les derniers héros: Regnault, Edison, Lumière, les frères Pathé... Mais plus que le spectacle, ce qui est imposant, caractéristique, significatif, c'est la volonté des spectateurs, qui sont composés d'êtres de toutes les classes, des plus rudes aux plus intellectuels.

C'est la volonté d'une Fête nouvelle, d'une nouvelle unanimité joyeuse, réalisée dans un spectacle, dans un endroit où les hommes se retrouvent ensemble, où ils puisent, en plus ou moins grande proportion, l'oubli de leur individualité isolée. Cet oubli, âme de toute religion et sentiment de toute esthétique, triomphera un jour supérieurement. Et le Théâtre qui contient la promesse encore certes fort vague de ce que les hommes d'aucun temps ne rêvèrent jamais: la création d'un sixième art, de l'art plastique en mouvement, crée déjà la Pantomime moderne rudimentaire.

La vie moderne se prête à ce triomphe.

Le dernier des Franconi, le dernier héros de cirque, regrettait la déchéance certaine du Cirque, à la passion du théâtre cinématographique plus qu'aux numéros de cirque des music-halls. C'est que la psychologie collective est émue par les sports qu'elle vit violemment, dont elle a compliqué sa vie réelle en en faisant surtout une industrie. Notre temps a créé ainsi des industries héroïques, dont la plus éclatante est celle de l'aviation. Nos sportmen ne considèrent plus le sport seulement comme un plaisir, le plus violent et le plus sain des plaisirs. Un cercle d'or, plus rigide que le fer, le cercle des affaires, les retient dans son étreinte implacable. Dès lors, pourquoi assis dans un fauteuil, regarder les acrobaties et les voltiges des autres, [179] s'offrir pour spectacle une image bien faible de ce que l'existence de tous les jours dépense avec une si fiévreuse prodigalité sous mille formes, de tous les sports modernes?

En résumé la représentation immobile d'un geste, d'une attitude, d'une composition de gestes, d'attitudes, de quelques figurations significatives des êtres et des choses, c'est toute la peinture. Mais qui aurait pu rêver de fixer la représentation enchainée d'une série successive de tableaux? Une série successive de tableaux, c'est-à-dire de certains états d'âme des êtres et des choses groupés dans une action, est sans doute la vie. Chaque minute qui passe compose, décompose, transforme, devant nos yeux un nombre incalculable de tableaux. Le triomphe du cinématographe les arrête, il peut les reproduire indéfiniment. En les arrêtant il accomplit cet acte qui était réservé à la peinture, ou à cette faible et toute mécanique image de la peinture qui est la photographie. Présentant une succession de gestes, d'attitudes, de figurations, comme la vie transportant le tableau de l'espace où il s'étalait immobile et durable dans le temps où il se montre et se transforme, le Cinématographe nous force de songer à ce qu'il pourrait devenir si une idée directrice vraiment supérieure retenait dans une ligne idéale et profondément significative une idée centrale et esthétique des tableaux qu'il déroule. Nous pouvons songer à la création d'un Art plastique en mouvement, du sixième art. Qui aurait pu y songer avant notre temps. Aucun, car l'évolution spirituelle des hommes n'était pas encore arrivée à l'épanouissement d'un désir violent de conciliation entre la Science et l'Art pour la complexe représentation de la vie totale. Le Cinématographe renouvelle chaque jour, chaque jour un peu plus puissamment, la promesse de cette grande conciliation non seulement entre la Science et l'Art, mais entre les Rythmes du Temps et les Rythmes de l'Espace.

Ricciotto CANUDO.

El público moderno es un “abstractor” admirable, ya que puede disfrutar de las abstracciones más absolutas de la vida. Podemos ver en el Olympia, por ejemplo, a los espectadores aplaudiendo alegremente al fonógrafo que estaba sobre el escenario, revestido de flores y cuya deslumbrante trompeta de cobre acababa de tocar un dúo de amor… La máquina triunfó, el público aplaudió el sonido fantasmal de actores distantes o muertos. Con un espíritu similar acuden los espectadores al teatro Cinematográfico. Además, trae a las aglomeraciones humanas más pequeñas, un espectáculo de cosas lejanas, entretenidas, conmovedoras e instructivas, generaliza la cultura y acentúa en todas partes el deseo eterno del espectáculo de la Representación de la vida total.

Sobre las paredes de estas salas, se ven a veces descripciones que recuerdan las últimas etapas de la singular invención que precipita el conocimiento de los eventos universales y, por todas partes la vida y la sensación de la vida, desde aproximadamente 1830 hasta nosotros y entre los últimos héroes: Regnault, Edison, Lumière, los hermanos Pathé… Pero más que el espectáculo, lo que es imponente, característico, significativo, es la voluntad de los espectadores, que están compuestos de seres de todas las clases, desde el más rudo hasta el más intelectual.

Es la voluntad de una Fiesta nueva, de una nueva unanimidad feliz, realizada en un espectáculo, en un lugar donde los hombres se reúnen, donde consiguen, en mayor o menor medida, el olvido de su individualidad aislada. Este olvido, alma de toda religión y sentimiento de toda estética, triunfará superiormente un día. Y el Teatro que contiene la promesa ciertamente muy vaga que los hombres en ningún momento habían soñado jamás: la creación de un sexto arte, el arte plástico en movimiento, ya crea la Pantomima moderna rudimentaria.

La vida moderna se dispone a este triunfo.

El último de los Franconi, el último héroe de circo, lamentaba el declive cierto del Circo, por la pasión al teatro cinematográfico más que por los números de circo de las salas musicales. Sucede que la psicología colectiva se mueve por los deportes que vive violentamente, con los que se complica su vida real al convertirse sobre todo en industria. Nuestro tiempo ha creado también industrias heroicas, la más llamativa la de la aviación. Nuestros deportistas ya no consideran el deporte solo como un placer, el más violento y el más sano de los placeres. Un círculo de oro, más rígido que el hierro, el círculo de los negocios, los retiene con su implacable abrazo. Por tanto, ¿por qué sentarse en un sillón, mirar las acrobacias y revoloteos de los demás, ofrecer como espectáculo una imagen débil de lo que es la existencia de cada día con la febril prodigalidad de mil formas, de todos los deportes modernos?

En resumen, la representación inmóvil de un gesto, una actitud, una composición de gestos, de actitudes, de algunas figuraciones significativas de seres y cosas, todo eso es pintura. ¿Pero quién podría haber soñado con arreglar la representación encadenada de una serie sucesiva de pinturas? Una serie sucesiva de imágenes, es decir, ciertos estados mentales de seres y cosas agrupadas en una acción, es indudablemente la vida. Cada minuto que pasa compone, descompone, transforma, ante nuestros ojos, un número incalculable de pinturas. El triunfo del cinematógrafo las detiene, puede reproducirlas indefinidamente. Al detenerlas, realiza el acto que estaba reservado para la pintura, o para esa imagen débil y mecánica de la pintura que es la fotografía. Presentando una sucesión de gestos, actitudes, figuraciones, como la vida lleva la imagen del espacio donde se extendió inmóvil y duradera en el momento en que se muestra y se transforma, el Cinematógrafo nos obliga a pensar en qué podría convertirse si una idea rectora verdaderamente superior mantuviese en una línea ideal y profundamente significativa una idea central y estética de las pinturas que despliega. Podemos pensar en la creación de un Arte plástico en movimiento, del sexto arte. ¿Quién podría haberlo pensado antes de nuestro tiempo? Ninguno, porque la evolución espiritual de los hombres todavía no había alcanzado el cumplimiento de un violento deseo de conciliación entre la Ciencia y el Arte para la representación compleja de la vida total. La Cinematografía renueva todos los días, cada día con más fuerza, la promesa de esta gran conciliación no solo entre la Ciencia y el Arte, sino también entre los Ritmos del Tiempo y los Ritmos del Espacio.

Ricciotto CANUDO.