Comisión española del Congreso por la Libertad de la Cultura
Informe de Pablo Martí Zaro a Roscelyne Chenu sobre el Coloquio Cataluña-Castilla
Pablo Martí Zaro
Apartado 13.175
Madrid
Madrid le 11 Décembre 1964
Mlle. Roscelyne Chenu
4, rue Poinsot
Paris XIV
Chère Mademoiselle,
Je suis rentré lundi soir de Barcelonne. Le Colloque Catalogne-Castille a eu finalement lieu les 5 et 6 courant, comme prévu, à la masía de M. Millet.
A mon avis cette rencontre a très bien reussi malgrè les difficultes auxquelles nous nous sommes heurtés au dernier moment pour obtenir un nombre suffisant de participants de la part des castillans. Bien entendu, ils etaient tous prévenus à l'avance de la date de la rencontre, mais des empêchements inattendus de diferentes natures ont rendu impossible la participation de MM. Laín Entralgo, Marías, Chueca, Ruiz-Jimenez, Artola et Tierno Galván. J'ai essayé de les remplacer par MM. Sampedro, Brú, Buero, Gil Robles, Sainz de Bujanda, Valdeavellano, Vivanco et Garagorri. Ils ont tous été très interessés par la rencontre, mais c'était trop tard et ils avaient tous d'autres engagements qui les empêchaient de venir à Barcelonne. J'ai même envisagé de remettre à plus tard le colloque, mais d'une part rien ne pouvait me garantir que nous aurions toutes les participations voulues si je reculais la rencontre, et d'autre part j'ai songé que puisquiil s'agissait d'un point de départ, d'une experience, il fallait bien commencer, étant donné que nous aurions d'ailleurs une participation castillane largement suffisante sinon en nombre du moins en qualité.
Du coté castillan, nous avons eu à la fin MM. Aranguren, Ridruejo, Caro Baroja et Maravall (professeur d'Histoire de la pensée politique à la Faculté de Sciences Politiques de Madrid, et ecrivain fort remarquable et bien connu). MM. Laín Entralgo, Ruiz-Jimenez, Garagorri et Gil Robles ont exprimé par écrit leur adhesion au colloque. Du coté catalan, ont participé MM. Castellet, Gomis, Manent, Carbonell, Benet, Raventós, Valverde, Badia, Rubió, Millet, Cuito et Victor Hurtado. Ce dernier, qui habite Paris et qui se trouvait de passage à Madrid, a été invité parce qu'il est un homme politique catalan très connu et très influent en Catalogne. On a eu deux longues seànces de travail, matin et après-midi, pendant chacune des deux journées consacrés au colloque. Les discussions se sont dividés en deux parties. La première, à partir d'un excellent rapport de M. Badia, a porté sur les problèmes posés sur le plan de l'enseignement et de la formation humaine par l'anormale situation linguistique de la Catalogne. La deuxième, à partir du rapport de M. Ridruejo, a porté sur les questions qui sont à la base des relations economiques, sociales et en somme politiques, entre la Catalogne et le reste de l'Espagne. Les débats, très vivants et d'un assez haut niveau intellectuel, ont été entièrement enregistrés sur magnétophone. Ils seront dactilographiés par la suite, et je vous en ferai parvenir des exemplaires dès que ce travail sera fait.
Malgré la disproportion numérique existante entre castillans et catalans, la discusion a été très equilibrée, et je crois que l'on a reussi à poser les fondements pour placer ce vieux problème sur un plan nouveau plus sage et plus objectif que l'ancien. Il faudra, bien entendu, reprende et developper le travail déjà fait. En tout cas, un climat de confiance réciproque et de solidarité active a été sans nul doute créé.
Les conclusions adoptées de façon unanime par tous les participants à la fin du colloque sont les suivantes:
A. Rédiger un document de protestation contre la situation de la langue catalane qui sera adressé au Chef de l'Etat et qui sera signé par un millier d'intellectuels de langue castillane.
B. Developper les études de sociologie du langsge, entrepris par le Professeur Badia, pour vérifier quelle est la situation réelle des langues castillane et catalane en Catalogne. Dans ce but, le Professeur Badia va demmander au Comité Espagnol une bourse de livres afin de poursuivre ses travaux.
Dans la même perspective, M. Caro Baroja et le Professeur Badia vont preparer ensemble un projet de recherche d'anthropologie sociale à faire de prime abord en Catalogne, visant, outre les résultats immédiats que cette recherche concrête pourra donner, à poser les bases de ce qu'un jour pourra devenir un Institut pour l'etude de la pluralité espagnole. Aussi bien pour l'une que pour l'autre chose, on a envisagé d'obtenir en Espagne une partie substancielle des resources economiques necéssaires.
C. Organiser regulièrement des conférences faites par des catalans à Madrid et dans d'autres villes de langue castillane.
D. Favoriser la traduction au castillan du plus grand nombre possible des livres écrits en catalan. Augmenter le nombre des critiques et des comentaires parus en langue castillane sur les oeuvres publiées en catalan.
E. Maintenir de façon permanente aussi bien l'echange d'informations et d'initiatives que la coordination entre le groupe catalan et le groupe castillan.
Tenir une nouvelle réunion à Madrid, soit au printemps prochain, soit en automne. Le programme de travail de cette nouvelle réunion sera etabli à partir des résultats de celle qui a déjà eu lieu, en dégageant de ce qui a été dit les questions essentielles pour les developper en détail.
On a estimé necessaire elargir ce colloque aux basques et aux galliciens, car tous les participants considerent que le problème posé ne peut pas être envisagé d'une façon profitable que dans la perspective de l'ensemble du pays. Cependant, étant donné qu'il est indispensable que d'autres castillans s'incorporent le plus tôt possible à ce travail, on a decidé de borner la prochaine réunion aux castillans et aux catalans, sans que cela empêche qu'on puisse inviter aussi, à titre personel, un ou deux basques ou galliciens.
Les participants au colloque ont été informés par moi de la nature pour le moment unique la rencontre, mais ils ont exprimé leurs désir et leur espoir que ce sera aussi le Congrès qui financera la prochaine réunion.
Les dépenses totales n'ont pas depassé les chiffres que je vous ai donné dernièrement. Cependant je ne peux pas encore vous dire quel est le montant reel des frais parce que je dois faire encore quelques paiements.
Deux des participants au colloque voudraient recevoir un exemplaire chacun de “La democratie en Europe” de Tocqueville. Un troisième voudrait recevoir “L'Europe des Ethnies”, de Guy Heraud, publié par Presses d'Europe, 6 rue Trevise, Paris IX. Serait-il possible que le Congrès offre à nos amis ces livres?
Veuillez agréer, chère Mademoiselle, l'expression de mes sentiments très cordiaux,
[ Transcripción de tres hojas mecanografiadas, copias sobre papel cebolla. Archivo Pablo Martí Zaro-FPI. ]